Damien Jost

Avocat défenseur des diagnostiqueurs gaz et électricité

Le contentieux des diagnostics gaz et électricité génère une part croissante des mises en cause judiciaires des diagnostiqueurs immobiliers. Face à la multiplication des litiges liés aux installations électriques vétustes et aux installations gaz non conformes, les diagnostiqueurs gaz et électricité se trouvent régulièrement assignés devant les tribunaux pour des anomalies présumées non détectées ou insuffisamment signalées dans leurs rapports.

Depuis plus de vingt ans, j’accompagne les diagnostiqueurs et leurs assureurs dans la défense de leurs intérêts lorsqu’ils sont mis en cause dans le cadre de litiges portant sur l’état des installations intérieures de gaz et d’électricité. Mon expertise du contentieux immobilier et ma connaissance approfondie des obligations réglementaires applicables à ces diagnostics me permettent de construire des stratégies de défense efficaces, intégrant systématiquement l’analyse des responsabilités croisées entre les différents intervenants de la transaction immobilière.

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Diagnostic gaz et électricité : comprendre le cadre juridique

Les diagnostics gaz et électricité répondent à des obligations définies par l'article L. 134-7 et l'article L. 134-6 du Code de la construction et de l'habitation. Ces diagnostics visent à identifier les anomalies présentant un risque pour la sécurité des occupants.

Point essentiel : ces diagnostics ne constituent pas des contrôles de conformité aux normes actuelles. Le diagnostiqueur vérifie l'état de sécurité de l'installation, non sa conformité aux normes NF C 15-100 pour l'électricité ou DTU pour le gaz.

Diagnostic électricité
Examen de l'appareil général de commande, des dispositifs différentiels, de la liaison équipotentielle, des protections mécaniques des conducteurs, et de l'état du tableau électrique
Diagnostic gaz
Vérification de la tuyauterie fixe, du robinet de commande, des flexibles, de la ventilation, de l'évacuation des produits de combustion et de l'état des appareils
Limite commune
Examen visuel des parties accessibles uniquement, sans démontage ni investigation destructive

Anomalies fréquemment reprochées aux diagnostiqueurs

Installations électriques

Absence de dispositif différentiel 30 mA : reproche fréquent lorsque le tableau électrique n'était que partiellement accessible ou masqué par des éléments mobiliers
Conducteurs dénudés dissimulés : découverts après démontage de cloisons ou lors de travaux, dans des zones non accessibles lors du diagnostic
Liaison équipotentielle manquante : particulièrement dans les salles d'eau, lorsque les installations sont encastrées ou masquées
Matériel vétuste non signalé : tableaux à fusibles porcelaine, prises sans terre, installations manifestement anciennes

Installations gaz

Ventilation insuffisante : absence de grille d'aération ou dimensionnement inadapté dans les pièces contenant des appareils gaz
Conduit d'évacuation non ramoné : obstruction partielle ou totale découverte ultérieurement
Flexibles de raccordement non conformes : dépassement de durée de vie, positionnement inadapté
Tuyauterie fixe corrodée : découverte dans des zones dissimulées par des habillages ou derrière des meubles encastrés

Axes de défense selon les situations contentieuses

Lorsque l'installation était partiellement inaccessible

La méthodologie du diagnostic interdit les investigations destructives. Le diagnostiqueur examine les parties visibles sans démonter les revêtements, cloisons ou habillages.

Réserves protectrices nécessaires

Mention explicite dans le rapport : "Impossibilité d'examiner les conducteurs dans les combles en raison de l'absence de plancher praticable" ou "Tableau électrique partiellement masqué par des éléments mobiliers, examen limité à la partie accessible"

Réserves insuffisantes à écarter

Mentions génériques comme "bien encombré" ou "parties difficilement accessibles" sans précision sur les zones concernées et les éléments non vérifiés

Lorsque l'installation gaz n'était pas alimentée

L'absence d'alimentation en gaz empêche la réalisation de vérifications fonctionnelles essentielles : test d'étanchéité sous pression, vérification du fonctionnement des appareils, contrôle de l'évacuation des produits de combustion.

Le rapport doit mentionner précisément cette limitation et lister les vérifications qui n'ont pu être effectuées. Cette réserve circonstanciée protège le diagnostiqueur des reproches ultérieurs portant sur ces éléments.

Distinction entre anomalie dangereuse et simple non-conformité

Une installation ancienne, réalisée selon les normes de son époque, peut ne présenter aucun danger pour la sécurité tout en ne répondant pas aux exigences actuelles. Le diagnostiqueur signale uniquement les risques, non les écarts normatifs sans incidence sur la sécurité.

Exemple jurisprudentiel : L'absence de protection différentielle 30 mA sur tous les circuits constitue une anomalie à signaler. En revanche, un tableau électrique équipé de fusibles porcelaine en bon état, bien que non conforme aux normes actuelles, peut ne pas présenter de danger immédiat justifiant une mention d'urgence.

Responsabilités croisées : notaire et agent immobilier

Devoir de conseil du notaire

Lorsque le diagnostic électricité ou gaz mentionne des anomalies classées dangereuses, le notaire doit alerter l'acquéreur sur la nécessité de faire intervenir un professionnel avant l'emménagement. Son silence face à des mentions explicites de danger dans le rapport peut constituer un manquement à son obligation de conseil.

Cette mise en cause du notaire permet souvent d'obtenir un partage de responsabilité favorable au diagnostiqueur, voire une mise hors de cause lorsque le rapport était clair sur les anomalies constatées.

Obligation d'information de l'agent immobilier

L'agent immobilier qui visite le bien dans le cadre de son mandat ne peut ignorer certaines vétustés manifestes : prises détériorées, fils apparents en mauvais état, appareils gaz visiblement anciens. Sa connaissance du bien l'oblige à signaler ces éléments à l'acquéreur.

Cas particulier du sinistre survenu après le diagnostic

La survenance d'un incendie ou d'une intoxication après la réalisation du diagnostic ne suffit pas à établir la responsabilité du diagnostiqueur. L'expertise judiciaire doit établir si l'anomalie à l'origine du sinistre était détectable lors du contrôle initial.

Éléments à démontrer

  • L'état de l'installation au jour du diagnostic, par photographies datées et mentions du rapport
  • Le respect de la méthodologie normative applicable au diagnostic de sécurité
  • L'absence d'accessibilité de la partie en cause ou le caractère non détectable de l'anomalie par examen visuel
  • L'éventuelle dégradation ou modification de l'installation entre le diagnostic et le sinistre

Prescription et délais de recours

L'action en responsabilité du diagnostiqueur se prescrit par cinq ans à compter de la découverte de l'anomalie non détectée. Le point de départ correspond à la date de connaissance effective par l'acquéreur, non à la date du diagnostic ou de la vente.

Cette règle de prescription constitue un moyen de défense à vérifier systématiquement dès réception de l'assignation.

Sécurisation des rapports et prévention

J'accompagne les diagnostiqueurs dans l'audit juridique de leurs modèles de rapports gaz et électricité. Cette démarche préventive vise à optimiser la formulation des anomalies, la clarification des réserves et l'intégration de mentions protectrices adaptées aux situations fréquemment rencontrées.

L'objectif : réduire l'exposition aux contentieux en renforçant la qualité rédactionnelle des rapports, élément déterminant dans l'appréciation de la responsabilité par les tribunaux.

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Questions fréquentes sur la défense en contentieux diagnostic gaz et électricité

Quelle est la différence entre un diagnostic de sécurité et un contrôle de conformité pour les installations électriques ?

Le diagnostic électricité réalisé dans le cadre d’une vente immobilière constitue un état de l’installation visant à identifier les anomalies présentant un risque pour la sécurité des personnes. Il ne s’agit pas d’un contrôle de conformité aux normes NF C 15-100 actuellement en vigueur. Le diagnostiqueur n’a pas à vérifier que l’installation respecte l’ensemble des prescriptions de ces normes de construction, mais uniquement à signaler les points susceptibles de compromettre la sécurité. Cette distinction fondamentale permet de rejeter les griefs portant sur des éléments non conformes aux normes actuelles mais ne présentant pas de danger caractérisé.

Comment se défendre face à un reproche de non-détection de conducteurs électriques dénudés derrière une cloison ?

 

Le diagnostic électricité repose sur un examen visuel des parties accessibles de l’installation. Le diagnostiqueur n’a pas à démonter les revêtements muraux pour examiner les conducteurs encastrés dans les cloisons. La défense s’appuie sur la démonstration que la méthodologie de diagnostic, définie par les normes applicables, interdit les investigations destructives. Si le rapport mentionne que l’examen a porté sur les parties visibles de l’installation et que certaines zones n’ont pu être inspectées sans démontage, cette mention constitue une protection. Il convient également de vérifier si des indices visibles auraient dû alerter le diagnostiqueur sur l’état des conducteurs dissimulés. En l’absence de tels indices apparents, la responsabilité du diagnostiqueur ne devrait pas être retenue.

Quelle responsabilité en cas de sinistre survenu après un diagnostic électricité ne mentionnant aucune anomalie grave ?

La survenance d’un sinistre après le diagnostic ne suffit pas à établir la responsabilité du diagnostiqueur. Il convient de déterminer si l’anomalie à l’origine du sinistre était détectable lors du diagnostic ou si elle résulte d’une dégradation ultérieure de l’installation. L’expertise judiciaire qui sera ordonnée devra établir l’état de l’installation au jour du diagnostic et vérifier si le diagnostiqueur a respecté la méthodologie normative applicable. Si l’anomalie était dissimulée, non accessible ou si elle s’est développée après le diagnostic, la responsabilité du diagnostiqueur ne devrait pas être engagée. La défense s’appuie également sur l’analyse des photographies éventuellement prises lors du diagnostic et sur l’examen des conditions d’intervention mentionnées dans le rapport.

Quelle stratégie adopter lorsque plusieurs diagnostics successifs donnent des conclusions différentes ?

La divergence entre plusieurs diagnostics successifs sur le même bien ne suffit pas à établir la faute du premier diagnostiqueur. Il convient d’analyser les conditions d’intervention de chaque diagnostic pour identifier les éléments expliquant les différences constatées. L’installation peut avoir été modifiée entre les deux interventions, certaines parties peuvent avoir été accessibles lors du second diagnostic mais pas lors du premier, ou les diagnostiqueurs peuvent avoir interprété différemment certains points limites. La défense consiste à démontrer que le premier diagnostic était conforme à la méthodologie applicable compte tenu des conditions d’intervention et de l’état de l’installation à la date du contrôle. L’expertise judiciaire permet généralement de clarifier ces divergences et d’établir si elles résultent d’une faute ou de circonstances objectives.

Le diagnostiqueur est-il responsable si l'acquéreur réalise des travaux et découvre des anomalies dans les parties qu'il ouvre ?

La réalisation de travaux par l’acquéreur révèle souvent des anomalies dans des parties de l’installation qui n’étaient pas accessibles lors du diagnostic. Si ces zones étaient effectivement inaccessibles sans démontage lors du contrôle initial, et que le diagnostiqueur a mentionné cette limitation dans son rapport, sa responsabilité ne devrait pas être retenue. Le diagnostic avant-vente ne peut être assimilé à un diagnostic avant-travaux, qui obéit à des obligations distinctes et implique des investigations plus approfondies. La défense consiste à démontrer que le périmètre du diagnostic avant-vente était limité aux installations visibles et accessibles sans intervention destructive, conformément à la réglementation applicable.

Comment qualifier une anomalie gaz : danger immédiat ou simple point d'attention ?

 

La qualification du niveau de gravité d’une anomalie gaz relève de l’appréciation du diagnostiqueur en fonction des critères définis par la réglementation. Les anomalies sont généralement classées en plusieurs catégories selon qu’elles présentent un danger grave et immédiat, un risque de fuite ou une simple non-conformité sans danger caractérisé. Cette classification engage la responsabilité du diagnostiqueur car elle détermine l’urgence de l’intervention nécessaire. En cas de contentieux portant sur cette qualification, l’expertise judiciaire vérifiera si l’appréciation du diagnostiqueur était conforme aux critères réglementaires au regard de l’état constaté de l’installation. Une formation continue sur l’évolution des critères d’évaluation permet de limiter les risques d’erreur de qualification.

Faut-il systématiquement recommander une mise en sécurité urgente en présence d'anomalies classées dangereuses ?

 

Lorsque le diagnostiqueur constate des anomalies présentant un danger immédiat pour la sécurité des personnes, il est fortement recommandé d’intégrer dans le rapport une mention explicite recommandant l’intervention urgente d’un professionnel qualifié avant toute occupation du logement. Cette recommandation renforce la position du diagnostiqueur en démontrant qu’il a pleinement rempli son obligation d’information. L’absence de telle mention face à des anomalies graves peut être interprétée par les tribunaux comme un manquement au devoir de conseil. La formulation doit être claire et compréhensible pour un profane, en évitant le jargon technique, afin que l’acquéreur mesure l’urgence de la situation.

Peut-on mettre en cause l'installateur électricien ayant réalisé des travaux avant la vente ?

Dans certaines configurations, la responsabilité de l’électricien ayant récemment intervenu sur l’installation peut être recherchée parallèlement à celle du diagnostiqueur. Si des travaux électriques ont été réalisés peu de temps avant la vente et que ces travaux présentent des malfaçons ou des non-conformités dangereuses, l’électricien peut être mis en cause pour avoir créé ou aggravé les anomalies. Cette stratégie de défense nécessite d’établir la chronologie des interventions et de démontrer que certaines anomalies résultent des travaux récents plutôt que d’un défaut de diagnostic. L’exploitation des factures de travaux et des éventuels certificats de conformité peut renforcer cette argumentation.