Le contentieux des diagnostics gaz et électricité génère une part croissante des mises en cause judiciaires des diagnostiqueurs immobiliers. Face à la multiplication des litiges liés aux installations électriques vétustes et aux installations gaz non conformes, les diagnostiqueurs gaz et électricité se trouvent régulièrement assignés devant les tribunaux pour des anomalies présumées non détectées ou insuffisamment signalées dans leurs rapports.
Depuis plus de vingt ans, j’accompagne les diagnostiqueurs et leurs assureurs dans la défense de leurs intérêts lorsqu’ils sont mis en cause dans le cadre de litiges portant sur l’état des installations intérieures de gaz et d’électricité. Mon expertise du contentieux immobilier et ma connaissance approfondie des obligations réglementaires applicables à ces diagnostics me permettent de construire des stratégies de défense efficaces, intégrant systématiquement l’analyse des responsabilités croisées entre les différents intervenants de la transaction immobilière.
Les diagnostics gaz et électricité répondent à des obligations définies par l'article L. 134-7 et l'article L. 134-6 du Code de la construction et de l'habitation. Ces diagnostics visent à identifier les anomalies présentant un risque pour la sécurité des occupants.
Point essentiel : ces diagnostics ne constituent pas des contrôles de conformité aux normes actuelles. Le diagnostiqueur vérifie l'état de sécurité de l'installation, non sa conformité aux normes NF C 15-100 pour l'électricité ou DTU pour le gaz.
La méthodologie du diagnostic interdit les investigations destructives. Le diagnostiqueur examine les parties visibles sans démonter les revêtements, cloisons ou habillages.
Mention explicite dans le rapport : "Impossibilité d'examiner les conducteurs dans les combles en raison de l'absence de plancher praticable" ou "Tableau électrique partiellement masqué par des éléments mobiliers, examen limité à la partie accessible"
Mentions génériques comme "bien encombré" ou "parties difficilement accessibles" sans précision sur les zones concernées et les éléments non vérifiés
L'absence d'alimentation en gaz empêche la réalisation de vérifications fonctionnelles essentielles : test d'étanchéité sous pression, vérification du fonctionnement des appareils, contrôle de l'évacuation des produits de combustion.
Le rapport doit mentionner précisément cette limitation et lister les vérifications qui n'ont pu être effectuées. Cette réserve circonstanciée protège le diagnostiqueur des reproches ultérieurs portant sur ces éléments.
Une installation ancienne, réalisée selon les normes de son époque, peut ne présenter aucun danger pour la sécurité tout en ne répondant pas aux exigences actuelles. Le diagnostiqueur signale uniquement les risques, non les écarts normatifs sans incidence sur la sécurité.
Exemple jurisprudentiel : L'absence de protection différentielle 30 mA sur tous les circuits constitue une anomalie à signaler. En revanche, un tableau électrique équipé de fusibles porcelaine en bon état, bien que non conforme aux normes actuelles, peut ne pas présenter de danger immédiat justifiant une mention d'urgence.
Lorsque le diagnostic électricité ou gaz mentionne des anomalies classées dangereuses, le notaire doit alerter l'acquéreur sur la nécessité de faire intervenir un professionnel avant l'emménagement. Son silence face à des mentions explicites de danger dans le rapport peut constituer un manquement à son obligation de conseil.
Cette mise en cause du notaire permet souvent d'obtenir un partage de responsabilité favorable au diagnostiqueur, voire une mise hors de cause lorsque le rapport était clair sur les anomalies constatées.
L'agent immobilier qui visite le bien dans le cadre de son mandat ne peut ignorer certaines vétustés manifestes : prises détériorées, fils apparents en mauvais état, appareils gaz visiblement anciens. Sa connaissance du bien l'oblige à signaler ces éléments à l'acquéreur.
La survenance d'un incendie ou d'une intoxication après la réalisation du diagnostic ne suffit pas à établir la responsabilité du diagnostiqueur. L'expertise judiciaire doit établir si l'anomalie à l'origine du sinistre était détectable lors du contrôle initial.
L'action en responsabilité du diagnostiqueur se prescrit par cinq ans à compter de la découverte de l'anomalie non détectée. Le point de départ correspond à la date de connaissance effective par l'acquéreur, non à la date du diagnostic ou de la vente.
Cette règle de prescription constitue un moyen de défense à vérifier systématiquement dès réception de l'assignation.
J'accompagne les diagnostiqueurs dans l'audit juridique de leurs modèles de rapports gaz et électricité. Cette démarche préventive vise à optimiser la formulation des anomalies, la clarification des réserves et l'intégration de mentions protectrices adaptées aux situations fréquemment rencontrées.
L'objectif : réduire l'exposition aux contentieux en renforçant la qualité rédactionnelle des rapports, élément déterminant dans l'appréciation de la responsabilité par les tribunaux.
Comment se défendre face à un reproche de non-détection de conducteurs électriques dénudés derrière une cloison ?